L’artiste développe depuis quelques années des explorations qui englobent différents champs d’investigation sur la trace dans l’espace. Nos gestes, mouvements et déplacements dessinent imperceptiblement une multitude de lignes invisibles, empreintes éphémères qui tissent pourtant le réseau de nos vies individuelles et collectives.
Variant les supports et les outils, l’artiste s’attache à inscrire le fourmillement de ces événements mobiles dans une graphie qu’elle qualifie de libre, ouverte, nomade… Parfois, elle brouille les pistes, les repères s’effacent et révèlent d’autres visions. Il est question de faire apparaître des territoires, d’inventer des cartographies qui peuvent sembler réelles ou pas, Terra incognita métaphoriques : la poésie de l’ici et l’ailleurs est engagée dans un mouvement actif de ré-appropriation du monde.
Dans les expositions, la frontière entre dedans et dehors, intérieur et extérieur, s’efface. Elle interroge la présence, évoque ce qui est visible et ce qui ne l’est pas, ce qui est réel et ce qui s’imagine. Il est question d’une expérience sensible qui se vit et se partage dans une rencontre intime, réciproque et multiple.
“ Chaque fois que l’on fait quelque chose, on fait des gestes avec son corps,
ses mains, ses pieds, en fonction de la partie du corps mobilisée.
Ce geste même, ce mouvement, crée une ligne, même si cette ligne est invisible.
Par exemple, jouer du violoncelle ou dessiner. Quand on dessine au crayon sur une feuille, on fait un mouvement avec sa main qui inscrit une trace visible sur le papier. Quand on joue du violoncelle, on fait un mouvement avec son archet qui produit un son, une mélodie. Il y a alors une ligne mélodique, on ne peut pas voir cette ligne mais on peut l’entendre et finalement ça revient au même.” Tim Ingold
« Où est le Nord », exposition Le Dessus des cartes, Atelier du Hézo François Jeune, Le Hézo (Morbihan), juillet 2023
« Traversées », exposition S’élancer avec Le C.a.n., Villa des Tourelles, Nanterre, mai 2021